lundi 26 octobre 2009

Maintenir la pauvreté des sols : principal défi dans la gestion d’un terril

Par ce message nous inaugurons une nouvelle forme d’articles sur ce blog. En effet et dorénavant, en plus des articles concernant les activités liées à la réserve, nous tenterons d’apporter sur ce blog une information sur la faune, sur la flore et sur le milieu naturel « terril ». Des articles comme celui-ci seront donc publiés de manière régulière, restons donc bien attentif…

Pour débuter cette série, nous nous efforcerons de vous présenter, de manière succincte, un des défis rencontré dans la gestion de la réserve naturelle : maintenir la … pauvreté du sol. Ce défi dépend de l’objectif principal de notre action : privilégier la biodiversité spécifique des terrils. Et celle-ci est notamment caractérisée par la présence de nombreuses plantes qui recherchent la chaleur, la sécheresse l’ouverture de la végétation, la nudité et, précisément, la pauvreté du sol.

Voilà bien un paradoxe : la richesse d’une réserve peut être inversement proportionnelle à celle de son sol !
L’enrichissement de nos sols est une des causes majeures de la perte de biodiversité dans nos régions (au même titre que le réchauffement climatique, la perte des habitats naturels et le morcellement des territoires). Il provoque une banalisation de la végétation. Qui ne s’est jamais plaint de l’envahissement d’un coin de son jardin par certaines plantes, telles l’Ortie, la Ronce, le Gaillet gratteron, etc. ?

Ces plantes, dites nitrophiles, deviennent très vigoureuses lorsque la teneur en nutriments (dont l’azote) augmente. Elles étouffent alors les plantes moins compétitives. Si l’amendement d’un potager est indispensable pour assurer une production légumière satisfaisante, il en va autrement sur un terril ou une friche minière dont un des intérêts et une partie de la richesse résident dans la pauvreté du sol. La présence de certaines plantes, devenues rares dans nos régions, y est directement liée : ainsi, la Cotonnière naine (Filago minima), insignifiante comme son nom l’indique, croit sur un sol pauvre (elle est dite nitrophobe) et dégagé, généralement siliceux, conditions qu’elle rencontre sur un terril. Elle disparaît lorsque la pelouse fleurie, puis la forêt, modifient le sol et les conditions de vie.

Cotonnière naine (Filago minima)


Notre travail de gestion consiste donc à maintenir l’ensoleillement et la pauvreté du sol. En coupant les arbres des zones faiblement boisées, essentiellement sur les versants les mieux exposés et au sommet du terril, on accroît l’action du soleil sur le sol (décomposition de la matière organique) et on maintien la chaleur caractéristique de ces zones. En ramassant les feuilles mortes sur ces zones déboisées, en fauchant les zones les plus ouvertes, voire les plus nues, et en exportant vers les zones les plus boisées le produit de cette fauche, on conserve la pauvreté originale d’un terril schisteux., au moins sur une partie de celui-ci. Et on permet à un cortège de plantes pionnières, thermophiles ou nitrophobes de se maintenir en place: Bec-de-grue, Bouillon blanc, Cotonnière naine, Epilobe lancéolé, Inule conyze, Pied-de-lièvre, Vipérine, etc.

Vous le voyez, gérer une réserve naturelle demande une intervention humaine réfléchie et importante. Sans quoi, la diversité, apportée progressivement par l’action de l’homme sur son environnement, sera perdue pour une longue période.

Yves Carlier, Jérémy Denis

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